Cin’express : Moulin Rouge !
🎥 Cin’express : Moulin Rouge ! 🎥
🎬 de Baz Luhrmann ⭐ avec Nicole Kidman, Ewan McGregor, John Leguizamo 🗓 Sortie : 3 octobre 2001
Chef-d’œuvre de romantisme, de burlesque et de tragédie, Moulin Rouge ! est l'un des films majeurs de 2001, encensé par la critique et plébiscité par les spectateurs. Une décennie après sa sortie aux Etats-Unis, l’histoire d’amour impossible entre la courtisane et le poète, qui pris vie sous les lumières de la Belle Epoque et l’influence de l’absinthe, n’a pas pris une ride…
En partie grâce à son tandem principal, impeccable de bout en bout, à l'alchimie incandescente. Ewan McGregor excelle en Christian, incarnation du poète maudit bercé par l'utopie bohème. Fervent défenseur de ses idéaux romanesques, il est épris de la beauté et de l'idée d'amour avant de voir les deux s'incarner en la personne de Satine - osmose parfaite. Sa naïveté, son charme ébahi, ses idéaux lyriques et son talent des mots lui assurent une passion réciproque avec le Sparkling Diamond. Cette dernière, sous les traits d'une Nicole Kidman incendiaire, transcende l'écran. A fleur de peau, elle incarne avec force et flamboyance cette courtisane impériale. Satine, prisonnière du Moulin Rouge et du désir qu’elle inspire aux hommes, sait user des armes dont elle dispose pour survivre. Elle est aussi d'une abnégation et d'un courage sans borne. Le trophée traqué par les protagonistes du film, elle ? Une icone peu féministe, soumise et rabaisser au bon vouloir de ceux qui rêvent de la posséder ? Non. Que du contraire. Satine est l'incarnation du film à elle-seule, elle en incarne toutes les facettes. Un emblème de détermination qui choisit, pas à pas, de reprendre son destin en mains. Et si l'amour est le cœur de sa ténacité, si Christian est le baiser qui la tire de la transe où elle végète, elle ne doit qu'à elle-seule son courage.
Dans ce délire intemporel, le Moulin Rouge est un protagoniste à part entière, un personnage tantôt obscur et lubrique, tantôt pailleté et tourbillonnant ; il apparaît comme l’un de ces héros à multiples facettes dont on ne perçoit jamais vraiment toute la profondeur.
C’est tout un univers fantasmé que dépeint Lurhmann : en artiste grandiose, sa caméra virevolte, de la salle de danse aux toits du Paris de la Belle Epoque, d'une chambre d'hôtel miteuse à un gigantesque éléphant rococo aux portes du théâtre. Il explore le Moulin Rouge et ses environs sous tous ses angles, empreint d’une fougue aussi frénétique qu’esthétique.
Mais l’œuvre du cinéaste, si dense, repose aussi sur des décors magiques, un défilé de costumes somptueux, une exubérance qui se reflète dans ses tableaux romanesques, volontairement kitsch ou violents, prétextes à toutes les folies du cinéaste.
Comment oublier les quarante couples dansant sur une version tango du Roxanne de Police ? Ou ce medley endiablé perché sur la tête du gigantesque éléphant où Ewan McGregor entonne le refrain d’Up Where we Belong ? De même, comment ne pas trembler face à l’interprétation sobre mais désespérée de Nicole Kidman et Jim Broadbent sur The Show must go on de Queen ? Sur cette BO folle, on retrouve également les morceaux exceptionnels signés Marius DeVries et Craig Armstrong, ainsi que le duo composé spécialement pour le film : Come What May. Sur cet hymne à la tendresse, Ewan McGregor et Nicole Kidman explorent l'amour tumultueux mais irrépressible de leur liaison impossible. La douceur de la balade contraste avec la violence qui se déchaîne autour des amants - un galant sans scrupule, un patron prêt à tout, des rivales dévorées par la jalousie, un monde prêt à les broyer.
Ce musical décalé et sensuel, poétique et drôle, doit son statut culte à son ambiance si spécifique. Coloré, endiablé et onirique, le tout s'apparente à une véritable fable. Un mythe merveilleux au dénouement doux-amer. Moulin Rouge ! revendique clairement des inspirations classiques (La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils et le mythe d'Orphée) mais la forme l'empêche de tomber dans la tragédie conventionnelle. C'est cet équilibre fragile, entre le burlesque extravagant et le drame déchirant, qui le rend si singulier, si sincère. En réalité, la plus belle réussite de Lurhmann se passe de longs dicours tant elle se suffit à elle-même, unique et incontournable.
Après Ballroom Dancing et Romeo & Juliet, tous deux très réussis, Moulin Rouge ! vint clore la bien nommée Trilogie du Rideau Rouge. Durant l’ensemble de cette saga, qui lui aura pris presque dix ans, Baz Lurhmann a su faire vivre la réplique culte de son dernier bijou : « La plus grande vérité qu’on puisse apprendre un jour, est qu’il suffit d’aimer et de l’être en retour ».
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